vendredi 19 mars 2010

Raymond Guérin : Lettres à Déjanire

204 pages
15 x 23
20 euros

Raymond Guérin (1905-1955) bénéficie de nombreuses rééditions depuis plus de vingt ans. Depuis peu, des inédits apparaissent : extraits de ces carnets de prisonnier, chroniques littéraires, et plus récemment les lettres de captivité écrites à Sonia, chez Gallimard.
Inédites, les Lettres à Déjanire présentent un double intérêt. D'abord d'avoir été conçu comme un ouvrage destiné à la publication, il envisage en effet de le proposer parmi d'autres manuscrits à Gallimard, alors qu'il est en camps en Allemagne. Il demande l'avis de Sonia à ce propos (cf. Lettres à Sonia) voyant dans la publication d'un tel ouvrage la possibilité pour lui de montrer un autre aspect de son oeuvre, plus lumineux car il est le récit d'une croisière en Méditerranée qu'il effectuera avec sa première épouse à la fin des années 20. D'autre part, toutes les rééditions récentes et les inédits révélés occupent la période de captivité ou l'immédiat après guerre, l'oeuvre d'avant-guerre restant méconnue. Raymond Guérin est aussi l'auteur de Zobain, d'Empédocle. Les Lettres à Déjarine, donne un éclairage de première importance sur le Guérin d'avant-guerre, à ce moment crucial où le monde est au bord de la catastrophe que nous savons. Nous y découvrons un Guérin, déjà sûr de ses moyens, alors qu'il n'a que vingt-quatre ans, pressentant les drames à venir, lucide devant les désastres de la colonisation, des impérialismes de toute sorte. Nous découvrons déjà cette préoccupation majeure de Guérin, à savoir, que percevons-nous des autres et que perçoivent-ils de nous ? Pour finir, il est émouvant de le voir, à la veille du chaos dans lequel l'Europe sera bientôt plongée, en appeler à la raison, dans ce périple méditerranéen, comme ceux qui furent de ses amis et soutiens, Roger Grenier ou encore Albert Camus.

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